Obsèques à Paris de Germaine Tillion, "donneuse de leçons de vie"
24 avr. 08
PARIS (AFP) — Les obsèques de la résistante et ethnologue Germaine Tillion, "donneuse de leçons de vie", se sont déroulées jeudi dans une église parisienne devant d'anciens résistants, comme Raymond Aubrac, de deux de ses compagnes de déportation à Ravensbrück, et de Nicolas Sarkozy.
Cinq ministres ont également assisté à la cérémonie, célébrée en l'église du Saint-Esprit (XIIe), après le décès samedi de la résistante dans sa 101ème année à son domicile de Saint-Mandé (Val-de-Marne) à quelques centaines de mètres de là.
Le bâtiment de béton des années 30, construit à l'image de l'église Saint Sophie d'Istanbul, était rempli de tous ceux qui avaient croisé la route et les combats de Germaine Tillion dans la Résistance et en Algérie et de ses rares proches, comme sa soeur Françoise, qui vient de fêter ses 100 ans, et sa nièce Emilie.
Le cercueil de la cofondatrice du réseau du Musée de l'Homme à Paris, tout premier réseau de résistance, était recouvert du drapeau tricolore tandis que des coussins portaient ses insignes de Grand-croix de la Légion d'honneur et de l'Ordre national du Mérite.
Germaine Tillion, l'une des Françaises les plus décorées, était également titulaire de la Croix de guerre 1939-1945, de la médaille de la Résistance avec rosette, de la médaille de la déportation pour faits de Résistance et Grand-croix du Mérite allemand.
Au début de la cérémonie, le résistant Stéphane Hessel, 90 ans, a rendu hommage à la "profonde et essentielle humanité dont Germaine Tillion nous a donné un lumineux exemple en refusant l'Occupation" et rappelé le soutien de la la résistante aux sans-papiers de Saint-Bernard, il y a onze ans, qui a "incarné la France de la liberté, de la justice et de la solidarité".
Deux chants symboliques de la vie de Germaine Tillion ont été interprétés a capella entre des lectures de ses textes : une chanson "l'espoir", tirée du "Verfügbar aux enfers", "l'opérette-revue" qu'elle avait écrite en déportation à Ravensbrück; un chant des Aurès (Algérie) de la chanteuse berbère Markounda Aurès.
Nelly Forget, membre de l'association des amis de Germaine-Tillion a dit d'une voix émue: "Merci pour toutes les leçons de vie que vous nous avez données".
Ensuite, lors de la partie religieuse de la cérémonie, Anise Postel-Vinay, compagne de déportation de Germaine Tillion, a lu la 1ère épître de Saint-Paul aux Corinthiens selon laquelle l'"amour ne se réjouit pas de l'injustice mais trouve sa joie dans la vérité".
Marie Fillet, autre compagne de déportation, a ensuite demandé, au moment de la prière universelle et des intentions, de "nous donner la force d'accueillir les étrangers et de garder les sans-papiers dans une France pleinement la patrie des droits de l'Homme".
"L'étranger n'est pas seulement l'instrument de notre enrichissement", a ajouté Marie Fillet, devant le président Nicolas Sarkozy, partisan du contrôle de l'immigration fondée sur une politique des quotas.
A l'issue de la cérémonie religieuse, Germaine Tillion devait être inhumée dans la plus stricte intimité dans un cimetière de la région parisienne.
Parmi les nombreuses gerbes de fleurs blanches qui ont accompagné la résistante pour son dernier voyage, on relevait celles de l'Amicale de Ravensbrück, du président de la République, du Maire de Paris et des Enfants de l'Ecole Emilie (prénom de sa mère morte en 1945 à Ravensbrück, ndlr) et Germaine Tillion de Saint-Mandé.
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