L'expression
DÉTÉRIORATION DU MAUSOLÉE DE MASSINISSA
Toumi promet des sanctions
14 mai 2006 -
La ministre de la Culture a déclaré que le wali de Constantine sera poursuivi en justice.
La ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi n’arrive pas à digérer l’affaire de l’endommagement du mausolée du roi numide, Massinissa.«La seule chose qui nous reste de l’un des plus grands chefs d’Etat qu’a connus le Nord africain, a été détruite par le wali de Constantine», a déploré Mme Toumi, hier, lors de son passage sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Pourtant, ce mausolée est classé patrimoine national. Il faut le dire : la décennie de sang et de larmes qu’a connue notre pays a fait que l’Etat marque un certain désengagement vis-à-vis des monuments historiques. Ce sont les walis qui se sont alors chargés de leur restauration. «Avec cette affaire, on a asséné un vrai coup à l’Etat algérien», a regretté la ministre de la Culture. Cette dernière n’a pas manqué de déclarer que le wali de Constantine sera poursuivi en justice. «Je suis en train de constituer mon dossier», a déclaré Mme Toumi. Celle-ci a souligné, en outre, que dans l’état actuel des choses, il est vraiment délicat de restaurer le mausolée de Massinissa. «Les spécialistes à qui la wilaya a confié la mission de réhabiliter la tombe du roi numide, ont utilisé une matière abrasive pour nettoyer la pierre. Cette opération lui a porté un énorme préjudice», a expliqué la ministre de la Culture. Elle a déclaré toutefois que, dorénavant, toute infraction de ce genre sera sévèrement sanctionnée, cela en application de la loi 98/04 qui stipule que personne n’a le droit de toucher à un site classé sans aviser le ministère de la Culture. Abordant le volet de la restauration des monuments historiques, l’invitée de la Chaîne III en a brossé un constat amer. «Nous souffrons d’un manque énorme de restaurateurs. Nous n’en avons pas en Algérie. Depuis l’indépendance du pays, on n’en a formé aucun», a déploré Mme Toumi. Ce constat, d’aucuns peuvent le relever en faisant une virée à travers les ruelles de la Casbah d’Alger. Dans cette vieille cité, «le massacre» est commis à ciel ouvert, au vu et au sus de tous. Aucune règle de restauration n’est respectée. «Nous avons installé un comité mixte ministère de la Culture et wilaya d’Alger. C’est lui qui se chargera des modalités de la restauration de la Casbah», a souligné Mme Toumi. Au sujet de la citadelle du dey, la ministre de la Culture a déclaré que l’étude faite par les Polonais en 1986 devra être actualisée. «Le contrat avec ce même bureau d’études polonais, très connu dans le monde, sera signé au courant de la semaine prochaine», a-t-elle révélé. Et d’ajouter: «Les travaux de réhabilitation de ladite citadelle seront confiés aux Polonais, Italiens et Turcs.» Plus explicite, la ministre de la Culture a précisé que les Italiens s’occuperont de la restauration du Palais du dey, les Turcs réhabiliteront la mosquée. Les Polonais, quant à eux, procéderont à la réactualisation de l’étude qu’ils ont faite en 1986. «Dans le contrat que nous avons signé, nous avons exigé de ces partenaires étrangers de former des experts algériens», a signalé Mme Toumi.
Il convient de noter dans cette optique que, dans le cadre de la restauration de la citadelle du dey, le ministère de la Culture a dégagé une enveloppe budgétaire de 150 milliards de centimes. Concernant l’inventaire général des biens culturels, la ministre de la Culture a indiqué que cette opération concernera en premier lieu les biens culturels immatériels. Cette démarche qui sera entamée bientôt concernera le patrimoine musical. Enfin, au sujet de l’avant-projet de loi sur le livre, Mme Toumi a indiqué qu’il sera, tout comme celui du cinéma, fin prêt avant la fin de l’année en cours.
Hakim KATEB